Rapport annuel 2020

Mardi 29 juin 2021 - Mis à jour le Mercredi 8 juin 2022
Tout au long de l’année 2020, Epicentre a poursuivi ses activités d'épidémiologie de terrain, ses projets de recherche et sessions de formation en appui aux objectifs de MSF de fournir une aide médicale dans les régions où les personnes subissent des conflits, des épidémies, des catastrophes ou bien pour lesquelles l’accès aux soins est insuffisant ou inexistant. Découvrez les chiffres clés, les faits marquants, les avancées et la stratégie d’Epicentre à travers son rapport annuel 2020.

Une année sous le sceau du COVID

Rapport annuel

Satellite de MSF dédié à l’épidémiologie et à la recherche, Epicentre a pour mission de décrire et analyser les situations sanitaires des populations secourues par les équipes médicales pour mieux orienter les programmes, mais aussi comparer de nouvelles pratiques de soin pour proposer des solutions adaptées aux populations vivant dans des conditions instables ou ayant un accès insuffisant aux soins.

Depuis plusieurs mois, la pandémie de Covid a nécessité réactivité et adaptation pour qu’Epicentre soit en cohérence avec les besoins de MSF, participe à l’effort scientifique mondial, et mette en place des nouvelles conditions de travail. La réponse d’Epicentre face à la pandémie a été largement dépendante des zones géographiques et évolutive tout au long de l’année 2020, puis de 2021. De nouveaux outils – bulletins, tableaux de bord, etc. – ont été développés pour décrire l’épidémie et les formes cliniques dans les sites d’intervention de MSF. Aujourd’hui ceux-ci couvrent près d’une cinquantaine de pays. Ces outils donnent une vision du profil des patients pris en charge et de la sévérité de leur maladie et permettent ainsi d’anticiper au mieux les besoins au niveau des sites d’intervention de MSF. Epicentre avec le ministère de la Santé Publique du Niger et la Fondation MSF a aussi déployé la plateforme Alert-COVID-19 pour repérer les cas de Covid, et à terme des maladies à résurgence récurrente dans ce pays comme la rougeole et la méningite. Car les savoirs et les savoir-faire développés pendant la pandémie ont été pensés pour mieux faire face à d’autres épidémies voire à l’apparition de nouvelles maladies infectieuses. Face aux nombreuses inconnues demeurant sur l’impact de la pandémie sur le continent africain, Epicentre continue de mener des enquêtes de séroprévalence dans plusieurs pays ou auprès de personnels de santé.

La crise sanitaire a évidemment impacté la poursuite de certains projets, voire leur lancement. Toutefois tout a été mis en œuvre pour que les projets menés par Epicentre sur les autres maladies qui touchent largement les régions d’intervention de MSF se poursuivent.    

Chiffres clés 2020 & zones d’intervention

333
Personnes en ETP
dont 58 % de personnels scientifiques et 42 % personnels support
46
nationalités
3
Centres de recherche
à Paris (France), Mbarara (Ouganda) et Maradi (Niger)
  • Des équipes d’épidémiologistes sur le terrain : Cameroun, Mali, RDC, Malawi, Tchad, Soudan du Sud, Niger, Ouganda
  • Des équipes délocalisées à New-York, Dubaï, Dakar, Genève, Bruxelles, Londres, Le Cap
  • 1 département de Recherche
  • 1 département Epidémiologie d’Intervention et Formation
  • 67 publications dans des revues internationales à comités de lecture
  • 264 projets dont 119 initiés pendant l’année 2020.

 

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Intervention dans une cinquantaine de pays, essentiellement en Afrique (187 projets sur le continent africain)

 

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Faits marquants 2020 : Répondre à la pandémie de COVID, mais pas seulement !

Décrire l’épidémie de Covid-19

Coronavirus, modalités interventions Afrique
Légende
Coronavirus, modalités interventions Afrique

En 2020, 44 projets ont porté sur le Covid-19, démontrant l’implication et la réaction des équipes d’Epicentre face à la pandémie. Ils couvrent l’ensemble des domaines de compétences : 14 projets en support aux programmes de MSF, 18 en épidémiologie de terrain, 10 en recherche et 2 sur la formation.

La compréhension des épidémies au niveau local est en effet cruciale pour fournir des indications utiles aux opérations. Dans sa mission d’appui opérationnel, Epicentre fournit les outils appropriés à toutes les sections de MSF pour collecter les données et compiler les informations de tous les projets dans une base de données unique, puis analyser ces données sur une base hebdomadaire et produire un rapport mensuel pour une cinquantaine de pays. Cette surveillance épidémiologique permet à MSF de suivre l’évolution de l’épidémie sur ses sites d’intervention, les situations cliniques des patients afin d’améliorer leur prise en charge, de mieux localiser les vagues épidémiques et ainsi anticiper leur évolution à court terme.

Mieux comprendre la portée de la pandémie

Face à l’inconnue persistante de l’impact du Covid-19 notamment en Afrique, Epicentre a lancé plusieurs études de séroprévalence parfois accompagnées d’enquêtes de mortalité rétrospective au Mali, Yémen, Niger, Côte d’Ivoire, Cameroun, RDC, dans le camp de réfugiés de Dagahaley, Garissa County au Kenya, pour évaluer l’intensité de la circulation du virus. La collecte des données se poursuit dans plusieurs sites.

En France, Epicentre avec MSF Paris et l’Institut Pasteur a montré dans quatorze lieux d’intervention avec des personnes en situation précaire que 18 à 94 % des personnes avaient été infectées par le virus SARS-CoV-2. MSF a ainsi pu établir des recommandations consistant à privilégier des placements en hôtels et des hébergements avec des espaces de vie individuels plutôt que les lieux collectifs comme les gymnases, pour mettre à l’abri des personnes sans hébergement en période de pandémie.

S’adapter et accompagner les stratégies d’intervention

Si par définition une pandémie est mondiale, son impact, les besoins afférents, mais aussi sa progression hétérogène varient d’une zone géographique à l’autre, ce qui nécessite la mise en œuvre de réponses appropriées à l’environnement dans lequel on se trouve.

Au Niger, Epicentre, la Fondation MSF, Medic Mobile, le ministère de la Santé publique et Google ont collaboré pour déployer un outil électronique qui organise la réception et les investigations suite aux alertes Covid-19. Il repose sur une formation adéquate des différents intervenants et le recueil des données d’alerte de manière structurée pour en assurer l’efficacité et l’exhaustivité. Le centre du Niger est également un site de l’étude COPCOV, une étude internationale randomisée coordonnée par le MORU (Mahidol Oxford Tropical Medicine Research Unit), visant à explorer différentes pistes de prophylaxie chez les travailleurs de santé.

Au Cameroun, pour pallier les difficultés logistiques associées aux tests PCR, MSF, le ministère de la santé publique et Epicentre ont évalué les performances de cinq tests diagnostiques rapides – 4 basés sur la recherche d’anticorps et un sur la détection d’antigène – pour détecter l'infection par le SRAS-CoV-2 en milieu communautaire. Sur la base des premiers résultats démontrant la fiabilité de ces tests, le Cameroun a validé un algorithme national de dépistage du Covid-19 et commencé à utiliser les tests diagnostiques rapides dès le 12 juillet 2020.

Epicentre est aussi partenaire de l’étude clinique Anticov se déroulant dans 13 pays africains sous la coordination de DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative) dont l’objectif est d’identifier des traitements pouvant être utilisés pour traiter précocement les cas légers et modérés de Covid-19 et prévenir les pics d'hospitalisation qui pourraient submerger les systèmes de santé fragiles et déjà surchargés en Afrique.

En raison de la pandémie, certains projets ont vu leur objectif légèrement évoluer. C’est le cas de l’étude menée avec MSF Bruxelles visant à évaluer le test de diagnostic urinaire FujiLam pour la tuberculose chez les patients séropositifs VIH en Ouganda, au Kenya, au Mozambique et en Afrique du Sud auquel un volet secondaire a été ajouté : il consiste à évaluer la prévalence du Covid-19 chez les patients ambulatoires séropositifs présentant des symptômes de tuberculose, en décrivant leurs caractéristiques cliniques et la gravité de la maladie.

D’autres projets se sont attelés à déterminer l’impact de nouveaux protocoles de soins comme la télémédecine dont la mise en place s’est accélérée en raison de la crise sanitaire. Parmi eux, une enquête a été menée pour évaluer dans différents sites d’intervention de MSF l'expérience des consultations à distance – vidéo ou téléphone – pour les patients atteints de troubles mentaux. Si cette alternative apparaît acceptable dans les contextes humanitaires pendant la pandémie, elle n’est en revanche pas adaptée aux victimes de violences sexuelles ou interpersonnelles, aux patients souffrants de graves problèmes de santé mentale, ni en pédiatrie ou en gériatrie.

En Lombardie en Italie, Epicentre a apporté la preuve de l’efficacité de la télémédecine pour le suivi de patients positifs au Covid et ainsi réduire les hospitalisations. Dans la région des Marches en Italie, lors de la première vague de Covid-19, MSF a formé un groupe de médecins à l’échographie pulmonaire (POCUS) et à son interprétation à domicile. Epicentre a mené une étude pour décrire la mise en œuvre de ce protocole inédit et le retour d’expérience sur la gestion clinique des cas suspects ou confirmés de Covid.

Sans pour autant oublier les autres maladies

Si parfois certains projets ont dû être mis à l’arrêt, la majeure partie s’est poursuivie. Ils vont de la prévention au traitement et ce, avec toujours comme objectif de fournir des informations et des solutions réalisables pour améliorer l'accès à des soins de santé de qualité pour les populations vivant dans des conditions précaires ou ayant un accès insuffisant aux soins.

La malnutrition a été au cœur de plusieurs études. 2020 a ainsi été marqué par la reprise, en lien avec MSF Paris, de la surveillance au Tchad pour estimer la prévalence de la malnutrition, mais aussi par le début des analyses omiques (génomique, transcriptomique, protéomique...) dans le cadre d’un projet avec MSF Bruxelles pour comprendre l'étiologie et la physiopathologie du kwashiorkor. Le projet avec MSF Amsterdam évaluant l'utilisation du MUAC comme critère anthropométrique pour l'admission, le suivi et la sortie des centres de soin des patients avec des formes sévères est, quant à lui, entré dans sa phase finale.

Pour le choléra, autre sujet sur lequel Epicentre travaille de longue date, un nouveau projet a vu le jour avec MSF Genève, MSF Bruxelles, MSF Paris et MSF Amsterdam : CATI (Case-Area Targeted Intervention). Il va explorer au Cameroun, en RDC et au Zimbabwe le bénéfice d’une détection précoce des clusters pour déclencher une réponse rapide, localisée et combinée et ainsi réduire la transmission dans les foyers et dans l’environnement proche.

Suite aux nombreuses épidémies de rougeole en RDC, dont la dernière en date entre 2018 et 2020 où plus de 460 000 enfants avaient contracté la maladie et près de 8 000 étaient décédés, MSF Paris et Epicentre ont mis sur pied le projet URGEPI au sud du pays, dans l’ex-Katanga, pour mieux répondre aux vagues récurrentes de rougeole. La surveillance épidémique globale se fait grâce à un système d’alerte, dont le seuil a été établi à partir des expériences précédentes et de la couverture vaccinale. 

Vacciner pour prévenir les maladies

Un homme se fait vacciner contre la fièvre jaune à Kinshasa, en RDC. © Dieter Telemans
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Un homme se fait vacciner contre la fièvre jaune à Kinshasa, en RDC. © Dieter Telemans

En termes de prévention, Epicentre participe à plusieurs essais cliniques portant notamment sur un nouveau vaccin Ebola, le vaccin MVA-BN, pour protéger les populations avant que les flambées ne touchent les zones à risque. Pour la fièvre jaune, en collaboration avec l'Institut de recherche médicale du Kenya, l'Institut Pasteur de Dakar et l'OMS à Mbarara, Epicentre a montré que l’administration d’un cinquième de dose du vaccin était efficace et pourrait permettre de vacciner des millions de personnes supplémentaires en situation d'urgence et pallier le manque de stock. Nouvellement préqualifié par l’OMS, le nouveau vaccin conjugué contre la typhoïde va, quant à lui, faire l’objet d’une grande campagne de vaccination à Harare, au Zimbabwe. Une étude d’Epicentre avec MSF Bruxelles va estimer la couverture vaccinale de cette campagne et mesurer l'efficacité du vaccin pour prévenir la fièvre typhoïde.

Diagnostiquer et traiter

Les équipes ont aussi œuvré à évaluer de nouvelles solutions diagnostiques comme la détermination de la charge virale du virus de l’hépatite C à partir d’un prélèvement de sang séché avec MSF Paris au Cambodge, ou encore le test FujiLAM pour la tuberculose chez des personnes séropositives VIH en Afrique du Sud, en Ouganda, au Mozambique et au Kenya avec MSF Bruxelles et l’ANRS. Pour ces deux maladies qui peuvent rester latentes pendant longtemps, le diagnostic ouvre la voie à une détection précoce de la maladie et donc une meilleure efficacité des traitements. 

Quant au traitement, le centre de recherche en Ouganda est l’un des sites de l’essai coordonné par DNDi pour établir les données cliniques de pharmacocinétique, de sécurité, de tolérance et d’acceptabilité de la nouvelle formulation "4 en 1" qui comprend l'abacavir, la lamivudine et le lopinavir/ritonavir chez les enfants de moins de 3 ans séropositifs VIH. Toujours pour le VIH, mais chez les chez les adultes séropositifs, l’efficacité du passage à la nouvelle génération de trithérapie à base de dolutegravir (TLD) – tenofovir-lamivudine-dolutegravir –, coordonné à l’échelle nationale par le ministère de la santé du Malawi suite aux recommandations de l’OMS, est actuellement évaluée dans le site sentinelle du district de Chiradzulu.

En ce qui concerne les maladies négligées, Epicentre gère les données et les analyses statistiques de l’étude clinique que coordonne DNDi en Ouganda et au Malawi pour évaluer l’efficacité et la tolérance du fexinidazole, médicament oral à dose unique quotidienne pendant 10 jours, chez les patients atteints de maladies du sommeil par le trypanosome Rhodesiense.

Ces projets illustrent la diversité des interventions d’Epicentre. Il faut leur adjoindre tous les projets d’épidémiologie de terrain, qui se déroulent au plus près des acteurs opérationnels pour guider les activités, mais aussi poser des questions et formuler des hypothèses qui peuvent ensuite donner lieu à des investigations et études. Le déploiement d’épidémiologistes auprès des cellules d’urgence et des cellules opérationnelles de MSF se poursuit. C’est le cœur de l’activité d’Epicentre qui lui permet de disposer des connaissances nécessaires pour guider les opérations et anticiper les besoins potentiels en termes de recherche et d'innovations technologiques en vue de faire progresser les programmes en lien avec MSF.

 

Ouverture et partage

Former à l’épidémiologie

Une des missions d’Epicentre est de générer des savoirs, de les partager et de faciliter leur mise en application au bénéfice des populations. Répondre aux situations d'urgence, aux activités de suivi et d'évaluation, aux nouvelles questions médicales et humanitaires repose aussi sur la formation. Epicentre joue un rôle majeur dans celle du personnel MSF à l'épidémiologie et aux outils de santé publique à travers notamment des deux formations phares - Populations en Situation Précaire (PSP) et Réponses aux Epidémies (RepEpis) – récurrentes et largement plébiscitées comme en témoigne ce stagiaire : « c'est un excellent moyen [de] passer des concepts théoriques à une application pratique de l'épidémiologie ». En 2020, elles ont concerné 116 personnes dont 104 membres de MSF et 12 membres de l’OMS. Basées sur l’interaction, ces formations s’adaptent aux besoins réels et aux nouvelles situations. 1 session de PSP a eu lieu en Espagne ; pour les RepEpis ou équivalents, ils se sont déroulés au Sri Lanka pour MSF Amserdam, au Tchad pour MSF Paris, en Haïti pour l’OPS et le ministère de la santé publique et pour la première fois, une session avec 20 stagiaires sur 19 terrains et des intervenants dans 5 pays a été entièrement dispensée en ligne. Des modules dédiés au Covid-19 ont également été mis en place et 85 personnes du PAM ont même été formées dans le cadre d’un atelier entièrement dédié au Covid-19 en mars avec 5 intervenants Epicentre.Cours en ligne

Le digital-learning (ou e-learning) offre de nouvelles possibilités et l’accès à un public plus large. Comme le note l’une des stagiaires d’une session en ligne « ce que j'ai le plus apprécié dans cette formation (par rapport à une session en face à face), c'est l’équité : quelqu'un en Europe, en Extrême-Orient, en Amérique centrale et en Afrique peut participer sans problème ». D’ailleurs le module « prérequis en Épidémiologie » utilisé pour diverses formations telles que le PSP, RepEpi, FOOT, Forgho, etc, et la formation aux enquêtes épidémiologiques sont désormais disponibles en e-learning sur TEMBO, la plateforme d'apprentissage et de développement de MSF accessible à tous.

Si toutes les sessions n’ont pas pu avoir lieu, cette année a permis de poser les bases de formations futures, voire de réfléchir à des évolutions possibles comme avec MSF Paris sur le LEAP (Leadership Educational Academic Partnership), un programme de mastère conçu par des humanitaires pour des humanitaires, délivré conjointement par l’Université de Manchester et la Liverpool School of Tropical Medicine. En 2021, va voir le jour avec MSF Bruxelles une formation de 15 jours sur l’Epidémiologie et les statistiques, dans le cadre la Medical Academy, et en 2022 avec MSF Genève un RepEpis ad hoc pour leur Ecole des urgences en RDC.

Les épidémiologistes d’Epicentre interviennent aussi dans divers diplômes universitaires tels que le Master épidémiologie Covid de l’université John Hopkins, le DIU Santé internationale et médecine tropicale de Sorbonne Université avec l’hôpital de la Pitié Salpêtrière-AP-HP, le Master Urgences Global Health de l’université de Bristol et le DU médecine tropicale de l’Université de Rennes.

Unir nos forces au bénéfice de la santé des populations

Compte-tenu de l’ambition de certains projets d’Epicentre, leur mise en application nécessite de nombreuses collaborations qui peuvent aller de la mise en réseau à la direction de consortium multi-pays et multi-partenaires.

Ainsi Epicentre fait partie d’un consortium mondial dirigé par le ministère de la santé de la RDC et l'Institut national de recherche biomédicale (INRB) pour valider un deuxième vaccin contre le virus Ebola. L’essai clinique sponsorisé par la London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM) et la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI) doit évaluer l'efficacité de ce nouveau vaccin nommé MVA-BN.

Plusieurs projets autour de la tuberculose impliquant le centre de recherche de Mbrara se développent en partenariat avec des institutions et des financements externes :

  • Le projet TB-Speed coordonné par l’Université de Bordeaux ambitionne de réduire la mortalité infantile en évaluant des approches diagnostiques novatrices ;
  • EndTB, projet porté par MSF, qui vise à trouver des traitements plus courts, moins toxiques et plus efficaces contre la tuberculose multirésistante se déroule dans 17 pays, implique Partners In Health, Interactive Research & Development et est financé par UNITAID et MSF ;
  • L’essai DATURA, financé par l’EDCTP et l’ANRS, évalue l’efficacité d’un traitement initial plus intense, consistant en une augmentation des doses des principaux antibiotiques utilisés, rifampicin et isoniazid, auxquels on ajoute des corticostéroïdes, chez des adultes et des adolescents hospitalisés co-infectés par le VIH.

Le centre de recherche de Mbrara est également l’un des sites de l’étude Nifty financée par EDCTP et ayant pour but de déterminer l'innocuité et la réponse immunitaire provoquée par des doses réduites de vaccin contre la fièvre jaune comparativement à une dose standard.

Epicentre poursuit son implication dans la lutte contre le paludisme en accompagnement de MSF pour le déploiement de la chimioprévention du paludisme saisonnier dans le Sahel, mais aussi à travers sa participation au projet DeTACT dans le cadre d’un consortium international coordonné par le MORU (Mahidol Oxford Tropical Medicine Research Unit). Ce vaste essai qui se déroule dans 14 sites – dont le centre de recherche du Niger – réparti dans 8 pays d'Afrique et 5 pays d’Asie étudie l'efficacité et la tolérance de traitements alternatifs utilisant des combinaisons de médicaments antipaludiques existants, à faible risque de développer des résistances et pouvant être déployés rapidement en cas d’apparition de résistance.

Cette adaptation aux nouveaux enjeux de la santé transparaît également dans le projet en collaboration avec GARDP et DNDi, où Epicentre décrit au Niger les pratiques de prescriptions des antibiotiques en pédiatrie, les lacunes et les améliorations nécessaires.

Fin 2020 a aussi vu le début des inclusions au Nigeria dans l'étude multi-sites sur la fièvre de Lassa, menée conjointement par Epicentre, le P95 et l'Institut Bernhard Nocht de médecine tropicale, avec le soutien du CDC du Nigeria, et financée par la CEPI (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations). Son objectif est d’estimer l'incidence, probablement sous-estimée en raison des lacunes en matière de diagnostic, de surveillance et d'accès aux soins de cette fièvre hémorragique dans cinq pays – Nigeria, Bénin, Sierra Leone, Liberia et Guinée – où elle est endémique.

Depuis plusieurs années, Epicentre développe des projets de recherches pour MSF avec de plus en plus de partenaires stratégiques et ce, dans l’objectif de démultiplier les synergies dans les études et les recherches menées, de renforcer son positionnement international et la diffusion des innovations médicales, de diversifier ses sources de financement, mais en ne perdant jamais de vue les missions de MSF.

Notre engagement

Le plan stratégique 2020-2023 en action

Afin d’améliorer encore l’accès aux soins de qualité des populations vivant dans des situations instables, Epicentre s’est fixé des objectifs pour les années à venir qui passent par un accroissement et une diversification de ses expertises, une consolidation de son positionnement notamment au sein de MSF, tout en s’ouvrant aux opportunités de développement.

Le déploiement de cette stratégie vise à renforcer la place d’Epicentre en tant qu’acteur majeur de la recherche, mais aussi à accélérer l'innovation et l'accès aux soins pour les personnes qui subissent des conflits, des épidémies et des catastrophes. L’accompagnement des équipes opérationnelles de MSF et la recherche, principalement au stade avancé, sont au cœur du projet d’Epicentre afin de garantir le déploiement de médicaments, vaccins et diagnostics adaptés aux populations prises en charge par MSF.

En 2020, malgré le Covid-19, Epicentre a effectué des avancées dans les 3 objectifs prioritaires qu’il s’est fixés :

  • Elargir nos compétences et améliorer notre expertise

Les centres de recherche du Niger ou de l’Ouganda ne cessent de renforcer leur place dans l’environnement local et international et leurs liens avec les autorités. Leur accréditation pour effectuer des tests PCR pour le Covid-19 par leur ministère de la Santé respectif en est la preuve. Ils se sont également dotés de nouvelles compétences et de nouveaux équipements, qui ont abouti début 2021 à la mise en place d’un laboratoire de biologie moléculaire (PCR) à Maradi. Par ailleurs une première étude décentralisée sur la tuberculose à Kabale, dans les hôpitaux de districts en Ouganda a pu voir le jour. De même certaines personnes du Centre du Niger ont été déployées en RDC sur l’étude du vaccin contre Ebola. Ces évolutions au sein des deux centres de recherche illustrent leur degré de maturité et leur capacité à porter des projets.

  • Donner plus d’impact à nos travaux

Le développement du E-learning et des approches combinées présentiel-terrain-online débuté en 2020 va permettre de donner un nouvel élan aux formations d’Epicentre tout en élargissant le public potentiel au sein de MSF et au-delà. Une réflexion a par ailleurs été entamée pour diversifier encore cette offre. Epicentre développe de plus en plus de formations pour les épidémiologistes des différents centres opérationnels et ce afin de diffuser le savoir acquis au cours des années tout en garantissant la qualité et l’adéquation des études menées.

En plus de la « traditionnelle » journée scientifique qui s’est déroulée en septembre en format hybride présentiel-on line pour présenter les résultats des études et des recherches effectués dans l’année, une conférence médicale sur la Réponse aux défis médicaux au Niger et au Sahel s'est tenue le 21 janvier 2020 à Niamey. Autour d’experts et acteurs clés du milieu médical, elle a abordé les enjeux et défis des politiques de santé publique, tout en relevant les avancées notables dans les domaines de la recherche médicale et du développement de produits médicaux.

La pandémie de Covid a aussi été l’occasion pour Epicentre de renforcer sa présence dans les débats internes, mais aussi publics à travers des prises de parole dans des conférences et les médias.

  • Diversifier nos ressources humaines et financières

En 2020, Epicentre a commencé une mutation et une optimisation de son fonctionnement qui se sont entre autres traduites par une redéfinition de certains rôles, la réorganisation des activités support (nouvelles directions dédiées aux finances, aux RH, à la Communication), l’amélioration du reporting et une évolution des mécanismes de financement. Ce socle devrait garantir dans les années à venir la poursuite du développement des ressources humaines en attirant du personnel de haut niveau tout en assurant la diversité du recrutement et la recherche de nouvelles sources de financement. Depuis plusieurs années la part des financements externes s’est accrue, passant de 10% en 2018, à 22% en 2019 et 32 % en 2020. En 2021 la prévision des financements extérieurs était de 36%.

Les évolutions de MSF et d’Epicentre doivent nous amener à prêter encore plus d’attention au risque de double standard au sein du personnel et de nos pratiques. Un travail de réflexion débuté en 2020 en ce sens devrait se concrétiser en 2021.

La nécessaire adaptation due à la pandémie a accru le recours au télétravail notamment sur le site de Paris, le déploiement de la visioconférence et des plateformes de travail collaboratif ont renforcé nos liens avec les centres du Niger et de l’Ouganda en créant une proximité virtuelle.

Un leitmotiv : faciliter l’accès et Innovation

Faciliter l’accès à des solutions innovantes, c’est ce qui guide Epicentre. Dès leur conception, les projets doivent être pensés en vue d’une traduction en solutions pratiques sur le terrain pour les populations concernées. Le coût et la propriété intellectuelle de certaines solutions diagnostiques ou thérapeutiques ne sont pas les seuls freins à leur déploiement. Il est aussi important de prendre en compte d’autres facteurs tels que la sévérité des pathologies, ainsi que les contraintes et les spécificités propres à l’environnement et aux populations visées.

Ainsi le projet sur la fièvre de Lassa débuté en 2020 doit permettre de recueillir les informations sur la prévalence et l'incidence de cette pathologie en vue de poser les bases pour de futurs essais d'efficacité du vaccin. En ce qui concerne la tuberculose chez les personnes séropositives VIH, l’objectif d’Epicentre est de valider un test associant facilité d’usage, accessibilité et sensibilité, trois critères essentiels pour son usage dans les pays à ressources limitées. Par ailleurs, toujours pour cette maladie, Epicentre collabore à de nombreux programmes visant à mettre à disposition des populations des approches thérapeutiques mieux adaptées à leurs comorbidités éventuelles et à leurs conditions de vie.

Le coût des vaccins et leur approvisionnement demeurent un problème majeur pour certains pays, et en cas d’épidémies, il est nécessaire d’y avoir accès sans délai. Les études de fractionnement de dose pour les vaccins contre la fièvre jaune ou le pneumocoque – qui débute en 2021 – ouvrent des perspectives pour lutter contre les pénuries, encore trop souvent responsables de la faible réponse vaccinale.

Ces recherches répondent à de nouveaux modèles : elles démontrent en effet qu’il est possible d’effectuer des essais sur des produits appartenant à différents fabricants, de manière indépendante, et que des chercheurs de plusieurs pays peuvent mener ensemble des recherches indépendantes, et obtenir des résultats qui répondent aux besoins des populations et garantissent des médicaments et vaccins efficaces et sûrs. 

En 2020, Epicentre a également consolidé ses savoirs et ses expertises en sciences des données avec le travail sur le data management et la mise en œuvre de tableaux de bords pour MSF. Ces bases doivent inciter à aller encore plus loin dans le traitement, l'analyse, la gestion, la modélisation, ainsi que la visualisation des données. La science des données, si elle permet la planification d'études de plus grande envergure et contribue à l'analyse des épidémies, évolue rapidement. C’est un enjeu incontournable en termes de santé pour les années à venir, mais aussi un accélérateur d’innovations. Relever ce défi opérationnel repose sur l’investissement dans des outils suffisamment sophistiqués pour garantir des résultats de haute qualité, sur la formation des équipes sur l’ensemble des sites pour être à la pointe des compétences numériques et sur la participation à des initiatives internationales visant à améliorer l'utilisation de méthodes d'analyse quantitative.

L'ancrage d'Epicentre à la fois dans la recherche et les activités opérationnelles permet de fournir des informations clés pour la définition des priorités des programmes de MSF, d'influencer les autorités sanitaires et les autres acteurs, mais aussi d'être une plateforme vers d'autres institutions. Les centres de recherche du Niger et d’Ouganda procurent en outre l'infrastructure nécessaire à un large éventail de projets. Parallèlement Epicentre doit accentuer la promotion de ses études pour accroître leur impact et l'accès à ses nouvelles pratiques médicales.

Notre lien avec MSF nous permet de rester concentrés sur notre mission, de maintenir notre autonomie vis-à-vis des pressions politiques ou commerciales et de conduire des projets d’envergure pour MSF avec d’autres partenaires.

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