Covid-19: High seroprevalence of antibodies among people living in precarious situations in île-de-France

Saturday 6 February 2021
SARS-CoV-2 COVID seroprevalence Precarious France
Introduction
A seroprevalence survey conducted by Epicentre with MSF and Pasteur Institut
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covid gymnase_MSF_SeroPrevalence
Corps éditorial

A survey in Ile-de-France

A seroprevalence survey conducted by Epicentre with MSF and Pasteur Institut in June and July among 818 people in the Ile-de-France region showed a high proportion of people infected with the SARS-CoV-2 virus, up to 94% depending on the sites surveyed. This is the only study in Europe among populations in a very precarious situation.

 

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Seroprevalence and risk factors of exposure to COVID-19 in homeless people in Paris, France: a cross-sectional study

Thomas Roederer, Bastien Mollo, Charline Vincent, Birgit Nikolay, Augusto E Llosa, Robin Nesbitt, Jessica Vanhomwegen, Thierry Rose, Sophie Goyard, François Anna, Corinne Torre, Emilie Fourrey, Erica Simons, William Hennequin, Clair Mills, Francisco J Luquero

The Lancet Public Health, February 05, 2021DOI:https://doi.org/10.1016/S2468-2667(21)00001-3

MSF Epicentre press release

Introduction
Comuniqué de presse MSF Epicentre
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05.10.2020

MSF Epicentre press release: SARS-CoV-2, high seroprevalence of antibodies among people living in precarious situations in Ile-de-France

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«La précarité, sous tous ses aspects, rend les populations plus inégales face au virus»

Libération le 6 octobre 2020
Interview de Thomas Roeder (Epicentre)

La publication d’une étude de Médecins sans frontières questionne de nouveau les inégalités des populations face au virus. Selon cette enquête réalisée fin juin, les migrants et les plus précaires ont été particulièrement exposés.

Thomas Roederer est épidémiologiste à Epicentre, le centre d’épidémiologie hébergé par Médecins sans frontières. L’ONG vient de publier une enquête inédite en France qui souligne la forte exposition de migrants et des plus précaires au coronavirus.

Votre étude est inédite car elle porte sur des populations, les migrants et les plus précaires, dont l’exposition au coronavirus a été peu interrogée jusqu’à présent. Les étrangers représentent 90 % de votre échantillon. Quelle était votre intuition ?

Pendant le confinement, nous nous sommes posé la question de savoir si le virus avait beaucoup circulé auprès de ces populations. La réponse, à ce moment-là, était qu’il les avait peu touchés. Nous nous sommes donc dit qu’on avait peut-être loupé quelque chose.

Nous avons entrepris de réaliser cette étude plus précisément sur l’exposition de ces populations au virus sur le long terme et nous avons pu obtenir des tests sérologiques auprès de l’Institut Pasteur. Elle ne visait pas à être représentative. Nous avons visé trois types de lieux : les foyers de travailleurs, les centres d’hébergement et les sites de distribution alimentaire. Nous y avons recruté un échantillon de 818 personnes, principalement dans les centres d’hébergement, là où nous avions accès à ce type de population. Nous avions estimé, avant la réalisation des tests fin juin, qu’entre 30 et 35 des personnes pourraient avoir été touchées par le virus. Finalement, c’est bien au-delà de ces chiffres.

Quels sont les résultats auxquels vous êtes parvenus ?

Au total, sur une moyenne des quelque 800 personnes, le pourcentage de cas positif est de 51,8 %. Ce que l’on constate aussi, c’est que ce sont les foyers qui ont été les plus touchés. Là-bas, on trouve 86 voire 94 % de cas positifs. Ensuite, ce sont les centres d’hébergements qui ont été les plus affectés. Lorsque l’on a communiqué nos résultats à l’Institut Pasteur, ils étaient aussi surpris que nous.

A-t-on une idée plus précise du taux de mortalité au sein de ces populations ?

Non, l’enquête ne peut pas y répondre. Nous avons une petite idée du nombre de cas graves car nous avons posé la question des hospitalisations lors des entretiens. Ils n’étaient pas si nombreux à nous répondre parmi ceux à avoir été hospitalisés. Mais ce sont des données qui doivent être complétées par les chiffres de l’ARS pour être exactes.

Comment expliquez-vous ces chiffres ?

C’est ce que nous avons tenté de comprendre en poursuivant l’enquête : qu’est-ce qui a pu conduire à une telle exposition ? L’un des principaux facteurs était la précarité, mais pas seulement. Il y a aussi la proximité induite par ces lieux, l’absence de distanciation sociale, ce sont des endroits où l’exposition est forte. D’autant que lorsque nous menons l’enquête, du 23 juin au 4 juillet, tout le monde ne portait pas de masque. Ça confirme ce dont on se doute : la promiscuité et le nombre de personnes que l’on côtoie par jour sont fortement associés à l’exposition au virus. A contrario, les personnes qui peuvent s’isoler chez elles ou n’ont pas besoin de sortir pour travailler sont moins exposées.

Au moment de la première vague, certains soignants dans les hôpitaux s’étonnaient de constaterqu’il y avait beaucoup d’immigrés de première et de seconde génération parmi les malades. On a même pensé à un moment qu’il pouvait y avoir un facteur génétique. Au final, n’est-ce pas simplement qu’ils sont les plus précaires en France ?

Principalement, oui, même si on ne peut pas tout écarter. Mais ce que l’on constate, c’est que les conditions de vie liées à la précarité vont être les principaux facteurs d’exposition au virus. La précarité, sous tous ses aspects, rend les populations plus inégales face au virus. Si, au cours de notre étude, les participants nous avaient affirmé qu’ils n’en avaient rien à faire des mesures, ça aurait été autre chose. Mais ça n’a pas du tout été leur discours. Quand ils ont eu des masques et du gel, ils ont essayé d’en mettre le plus possible. Ils n’avaient pas un comportement différent du reste de la population. Chez eux, la peur du virus est même très forte compte tenu des conditions de vie.

Est-ce qu’on peut considérer qu’il y a eu une absence de politique publique visant les migrants et les plus précaires ?

Une absence, je ne sais pas, mais une chose est sûre : les autorités se sont assez vite dit qu’il fallait faire quelque chose pour les plus vulnérables, notamment ceux à la rue, mais plutôt dans l’optique de protéger le reste de la population. Il y a donc eu des stratégies, mais elles étaient mauvaises car la mise à l’abri s’est faite dans des endroits où la promiscuité a été un gros problème, des gymnases par exemple où l’on a entassé 150 personnes à moins d’un mètre de distance. A l’époque, les associations se sont beaucoup battues pour faire reconnaître que ce n’était pas la bonne stratégie mais que des hôtels devaient être par exemple réquisitionnés. Dans les faits, il a fallu que les ONG tirent la sonnette d’alarme pour qu’il se passe quelque chose. C’est assez fou quand on y pense que, dans un pays comme la France, ce soit aux associations de jouer ce rôle-là.

Gurvan Kristanadjaja

https://www.liberation.fr/france/2020/10/06/la-precarite-sous-tous-ses-aspects-rend-les-populations-plus-inegales-face-au-virus_1801560