Trypanosomiase humaine africain
La maladie du sommeil ou trypanosomiase humaine africaine (THA) est une maladie parasitaire à transmission vectorielle. En Afrique de l'Ouest et centrale, elle est due au parasite Trypanosoma brucei gambiense qui représente 92 % des cas ; en Afrique de l'Est et australe, c’est Trypanosoma brucei rhodesiense qui en est responsable. La maladie est transmise par les mouches tsé-tsé.
Pendant la première phase de la maladie, le parasite présent dans le sang provoque de multiples symptômes : fièvre, maux de tête, fatigue, inflammation des ganglions lymphatiques. Si la maladie n’est pas traitée, les parasites envahissent le système nerveux central. La trypanosomiase est toujours mortelle en absence de traitement.
Le choix du traitement dépend de la forme et du stade de la maladie. Depuis 1949, le traitement de la deuxième phase de la trypanosomiase; lorsque le système nerveux est atteint, reposait sur le mélarsoprol, responsable de 5 à 10 % d’encéphalopathies le plus souvent mortelles. En 2009, un traitement combinant nifurtimox et éflornithine a été introduit pour traiter T. b. gambiense au stade 2. Ce traitement très efficace n’a pas les effets secondaires du mélarsoprol, mais il reste contraignant l’éflornitine s’administre à raison de deux injections par jours pendant 7 jours et cette combinaison n’est pas active sur le Trypanosome rhodesiense.
Fexinidazole : un traitement simple et mieux toléré
En 2018 l’Agence européenne du médicament a approuvé un nouveau médicament, le fexinidazole, mis au point par DNDi. C’est un traitement entièrement oral sous forme d’un comprimé à prendre pendant 10 jours efficaces sans effet secondaire notable pour les sur les deux stades de la maladie du sommeil T.b. gambiense. Il permet d’éviter les hospitalisations systématiques et entraîne une réduction du nombre de ponctions lombaires.
En 2019 dans le cadre du consortium HAT-r-ACC qui rassemble un large éventail de partenaires spécialistes de la maladie du sommeil dont Epicentre, DNDi a lancé un essai pour évaluer l’efficacité et l’innocuité Fexinidazole pour le traitement de la forme T.b. rhodesiense dans les deux pays où elle est la plus fréquente, en Ouganda et au Malawi.
Les données de l’étude clinique de phase 2/3 présentées fin 2023 ont montré que le Fexinidazole était très efficace pour traiter la maladie du sommeil due à T.b. rhodesiense, et qu’il constituait une alternative sûre aux médicaments existants. Les évaluations de suivi effectuées régulièrement pendant 12 mois après le traitement ont indiqué que seul un patient (2,94 %), qui avait atteint le stade hémato-encéphalique de la maladie, avait rechuté et avait dû être traité avec le dérivé de l’arsenic qui constitue le traitement de référence pour le stade le plus sévère de la maladie du sommeil. En Décembre 2023, l’Agence européenne du médicament a rendu un avis favorable au sujet du Fexinidazole comme premier traitement oral T. b. rhodesiense.
Acoziborole : Traitement oral et à dose unique,
En novembre 2022 DNDi a annoncé les résultats positifs de l'étude de phase II/III démontrent le potentiel de l'acoziborole dans le traitement Trypanosoma brucei gambiense. Cela constitue une nouvelle étape dans la simplification du traitement puisqu’il s’agit d’un traitement qui peut être administré en une journée et en une dose unique de trois comprimés, mais aussi vers l’élimination de la maladie.
En parallèle le consortium Acozi-Kids coordonné par DNDi et dont fait partie Epicentre évalué l’acoziborole chez les enfants. L'administration d'un traitement oral à dose unique au moment du diagnostic permettrait d'éviter les hospitalisations coûteuses dans des centres de santé spécialisés, les ponctions lombaires douloureuses et les traitements par injections. Le traitement serait plus facile à suivre pour les enfants et en offrant la possibilité d’être directement administré sur le lieu du diagnostic, il réduit considérablement le délai entre le diagnostic et le traitement, ce qui pourrait contribuer à stopper la progression de la maladie et à éviter les troubles neurologiques dans cette population. Le premier enfant a été inclus dans l’essai en juillet 2022 en RDC.