Centre de recherche au Niger
Le centre de recherche d'Epicentre à Maradi a été créé à la suite de la crise alimentaire de 2005 au Niger et a été officiellement enregistrée au Niger en 2009.
À ce jour, 200 personnes travaillent dans le centre dans divers domaines : les soins médicaux, l’investigation et la réponse aux épidémies, le laboratoire, la gestion des données, le contrôle qualité, la logistique et les activités administratives entre autres. Le personnel vient essentiellement du Niger et des pays de la sous-région. Au-delà du support au ministère de la Santé, à Médecins Sans Frontières (MSF) et à d'autres ONG dans leurs réponses aux épidémies et à la crise nutritionnelle, des études innovantes sont également menées à Maradi et dans le pays.
Les essais respectent les normes de qualité GCP (pour Good Clinical Practices) et de GLP (pour Bonne Pratique de Laboratoire). Les études sont menées en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé du Niger, MSF, des ONG, le Centre de Recherche Médicale et Sanitaire (CERMES), l'Université de Niamey, les agences des Nations Unies et d'autres institutions universitaires.
La recherche
Les travaux réalisés au sein du centre portent sur les maladies fréquemment rencontrées dans la région et certaines études ont d’ores et déjà contribuées à des changements de politiques locales, nationales et internationales.
En 2017, Epicentre a entrepris un essai randomisé en grappes au cours d’une épidémie à méningocoque du sérogroupe C qui a frappé le Niger.Les villages du district de Madarounfa ayant notifié un cas suspect ont été répartis de manière aléatoire
- entre les soins standard (bras de contrôle),
- une dose unique de ciprofloxacine orale pour les contacts familiaux dans les 24 heures suivant la notification du cas,
- ou une distribution de ciprofloxacine à l'échelle du village dans les 72 heures suivant la première notification du cas.
Cette étude a montré qu'une prophylaxie antibiotique à dose unique, à l'échelle du village, réduit le nombre de cas de 60 % durant une épidémie. En attendant la mise sur le marché d’un vaccin, la prophylaxie à grande échelle avec la ciprofloxacine en réponse à une épidémie pourrait être un outil précieux à intégrer dans les recommandations de l’OMS.
Epicentre a également mené une étude de phase III pour évaluer l’efficacité d’un vaccin antirotavirus thermostable, le ROTASIIL®. Le rotavirus est la cause la plus fréquente de maladies diarrhéiques graves chez les jeunes enfants dans le monde. La majorité des cas et des décès dus aux rotavirus surviennent dans les pays à faible revenu.
Le vaccin Rotasiil® est administré aux nourrissons en trois doses en même temps que les vaccinations de routine. Il ne nécessite pas de chaîne de froid et facilement transportable et à un coût abordable pour les pays à revenu faible et intermédiaire.
Les résultats de l’essai clinique de phase III ont montré que ce vaccin oral avait une efficacité de 66,7 % contre la gastro-entérite sévère à rotavirus chez les nourrissons au Niger, 28 jours après la troisième dose de vaccin, et plus récemment le suivi prolongé jusqu'à l'âge de 2 ans, a permis de mettre en évidence une efficacité de 60,3% après un an et de 54,7% après deux ans. Ces résultats confirment l'efficacité de ce vaccin et ont contribué aux preuves pour soutenir la préqualification du vaccin par l'OMS en 2018.
En 2020, avec le ministère de la Santé Publique du Niger, Medic et la Fondation MSF, le Centre a aussi déployé la plateforme Alert-COVID-19 pour repérer les cas de Covid-19, et à terme des maladies à résurgence récurrente dans ce pays comme la rougeole et la méningite.
Le centre participe activement à la lutte contre le paludisme, maladie fortement endémique au Niger. Selon un rapport de l'OMS, le Niger, qui compte environ 23 millions d'habitants, a représenté 4 % des cas de paludisme dans le monde en 2018. C’est l’un des 14 sites de l’essai DeTACT coordonné par MORU et financé par UKaid et le Foreign and Commonwealth Development Office (FCDO) du Royaume-Uni. Ce vaste essai étudie l'efficacité, la sécurité et la tolérance de deux trithérapies combinées à base d’artémisinine (TACT) utilisant des médicaments antipaludiques existants (artéméther-luméfantrine + amodiaquine et artésunate-méfloquine + pipéraquine). Si ces nouvelles combinaisons thérapeutiques s'avèrent efficaces, elles pourront être déployées rapidement et, a priori, devraient rester efficaces contre les parasites multirésistants. L’essai répond à un enjeu sanitaire majeur au vu de l'augmentation de la résistance aux médicaments qui met en péril le traitement du paludisme à P. falciparum, une maladie potentiellement mortelle.
En 2021, un essai clinique coordonné par Epicentre en partenariat avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine, le KEMRI-Wellcome Trust Research Programme, l’université Abdou Moumani à Niamey et l'université de Maradi a été lancé pour évaluer l'efficacité d'un cinquième d'une dose unique de PNEUMOSIL®, un vaccin PCV10 récemment approuvé contre les infections à pneumocoque, par rapport à une dose complète de PNEUMOSIL dans le cadre d'une campagne de vaccination de rattrapage de masse, au Niger. En 2015, on estimait à 9 millions les infections à pneumocoques dans le monde, dont 2,4 millions en Afrique. 318 000 décès ont été attribués à cette maladie principalement en Afrique subsaharienne, soit 10 % de tous les décès d'enfants de moins de 5 ans.
D'autres projets menés au Niger comprennent des travaux sur la malnutrition sévère, la méningite et l'épidémie de fièvre de la vallée du Rift.
Laboratoire
Le centre de recherche de Maradi comprend également un laboratoire situé dans l’enceinte de l'hôpital régional. Des examens de bactériologie et des sérologies y sont effectués ainsi que d'autres analyses de routine.