Santé mentale
Malgré leur forte prévalence dans les situations humanitaires, les problèmes psychosociaux et les troubles mentaux constituent rarement une priorité opérationnelle. La question se trouve également aggravée par le manque de professionnels de santé mentale formés sur le terrain et par la quasi-absence d'outils de dépistage adaptés et conçus pour l'intervention humanitaire (à savoir courts, rapides, pouvant être effectués sans connaissances spécialisées approfondies et validés pour différentes cultures). Les recherches entreprises souffrent d’une certaine incohérence en raison de leurs divergences dans les objectifs et les méthodes, ce qui rend difficile la comparaison des interventions et l'identification de celles qui sont le mieux adaptées au terrain. Chez les enfants par exemple, les besoins spécifiques en santé mentale passent souvent inaperçus parce qu’on ne sait rien de l'impact qu’un contexte difficile peut avoir sur leur bien-être, et on manque de personnel qualifié pour décrire et identifier les conséquences sur leur santé mentale. Au cours des 20 dernières années, l'attention et la recherche se sont concentrées sur l’aspect traumatique, laissant de côté les nombreuses autres conséquences de la violence et des catastrophes naturelles sur la santé mentale. Il convient essentiellement d’entreprendre la description des interventions en santé mentale et des interventions psychosociales, de les documenter et d’élaborer des outils de mesure plus performants pour adapter et améliorer la réponse opérationnelle.
Améliorer la description
Si l’on veut concevoir des interventions adaptées en fonction des besoins, l’étape première et fondamentale consiste à décrire les difficultés de santé mentale en situation d'urgence et/ou dans les milieux à ressources faibles ou moyennes.
Améliorer la détection
Nous avons développé deux outils de dépistage faciles à utiliser pour repérer les difficultés psychologiques chez les jeunes enfants âgés de 6 à 36 mois et de 36 à 72 mois (respectivement PSYCa 6-36 et PSYCa 3-6) ). Ces outils ont été validés dans différents contextes culturels : au Kenya, en Ouganda et au Cambodge pour PsyCa 6-36 et au Niger, au Kenya et en Colombie pour PsyCa 3-6. Les deux outils ont été conçus pour être utilisés par des non-spécialistes formés au contexte humanitaire afin d’identifier rapidement les enfants et les transférer si nécessaire vers une prise en charge spécialisée.
Améliorer les mesures
Epicentre a également élaboré une échelle de résultats en santé mentale pour les adultes et les enfants, validée pour différentes cultures. Cette échelle peut également servir pour le contrôle et l’évaluation des programmes d'intervention ainsi que pour la recherche.
Epicentre apporte son appui à Médecins Sans Frontières (MSF) pour mesurer la prévalence des troubles mentaux et l’absence de traitement chez les réfugiés et personnes déplacées, et pour identifier les personnes ayant des besoins prioritaires en soins de santé mentale.
Epicentre s'est engagé à mesurer l'efficacité des interventions en santé mentale et des interventions psychosociales au même titre que les autres soins médicaux. Notre objectif est de mieux décrire et mesurer la situation afin de répondre aux besoins identifiés.