Evaluation des ultrasons comme alternative à la radiographie pulmonaire pour le diagnostic de la tuberculose en Papouasie Nouvelle Guinée
En 2020, selon l’OMS 1,5 million de personnes sont mortes de la tuberculose. La Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) a l'un des taux de prévalence de la tuberculose les plus élevés au monde, avec 30 000 nouveaux cas signalés chaque année. Médecins sans frontières (MSF) participe à la prise en charge de la tuberculose en PNG depuis 2014. En collaboration avec le département national de la santé, le personnel de MSF assure le diagnostic et le traitement des patients atteints de tuberculose à Port Moresby dans deux cliniques : l'hôpital général de Gerehu (pour les formes sensibles et résistantes aux antituberculeux) et la clinique 6 Mile récemment ouverte (uniquement pour les formes sensibles aux antituberculeux). MSF mène également un programme de sensibilisation pour prévenir la propagation de la maladie.
Diagnostiquer pour pouvoir traiter
« La tuberculose est une maladie que l’on peut soigner et guérir. Mais cela passe par plusieurs mois de traitement et avant tout par son diagnostic. Et c’est là l’une des premières difficultés. » rappelle le Dr Andrea Llamas, médecin en charge de ce projet sur la tuberculose.
L’OMS préconise d’utiliser des tests moléculaires, de type GeneXpert, qui nécessitent un laboratoire et au coût relativement élevé.
« Dans les pays à faible revenu, une radiographie pulmonaire peut être réalisée en amont pour sélectionner les personnes à orienter vers ce test moléculaire, que cela soit des personnes avec des symptômes ou des populations à haut risque de tuberculose », précise Maria Lightowler, épidémiologiste à Epicentre.
C’est seulement lorsque la suspicion est confirmée par imagerie qu’un prélèvement est effectué en vue d’une analyse par GeneXpert.
Les pays où la prévalence de la tuberculose est élevée sont souvent assez dépourvus d'appareils de radiographies, en raison de leur coût et du manque de personnel radiologique qualifié pour les manipuler et interpréter les images. Les nouveaux appareils d'échographie portables à coût abordable, apparaissent désormais comme une alternative à la radiographie pulmonaire, d’autant plus qu’ils peuvent être utilisés par des cliniciens formés à cette fin. Si de premières données, notamment en Afrique Sub-saharienne (2) laissent entrevoir un potentiel prometteur, des points faibles demeurent, comme la variabilité en fonction de l’utilisateur ou encore la faible spécificité.
Quelle place pour les ultrasons dans le diagnostic de la tuberculose ?
« Nous menons donc une étude prospective pour comparer les résultats de l'échographie et de la radiographie pulmonaire dans le diagnostic de la tuberculose pulmonaire chez des personnes de 15 ans et plus avec une présomption de tuberculose et qui sont envoyées pour un diagnostic à la clinique de MSF de l'hôpital général de Gerehu », détaille Maria Lightowler.
À terme, plusieurs cliniciens de la clinique de Geruhu devraient être formés à l'utilisation des ultrasons. Un clinicien a déjà bénéficié de cette formation de 3 semaines et un second est en cours de formation. Tous les patients éligibles pour participer à l'étude auront une échographie pulmonaire réalisée par l'un de ces agents cliniques qualifiés.
« Nous espérons ainsi améliorer les connaissances sur les possibilités de recourir à l'échographie comme technique de diagnostic de la tuberculose pulmonaire dans des contextes aux ressources limitées, » précise Maria Lightowler. La durée de l'étude devrait être de 12 à 14 mois.
Le diagnostic précoce de la tuberculose est un élément clé pour améliorer la prise en charge. Si les ultrasons confirment leur plus-value dans ce domaine, ils pourraient largement faciliter l’identifications des personnes à qui proposer un test moléculaire. Reste ensuite à faire entrer les personnes diagnostiquées dans un protocole thérapeutique et à les y maintenir car la longueur et la contrainte des traitements de la tuberculose se soldent par une mauvaise observance, voire un abandon des traitements.
crédit Photo : Sophie McNamara/MSF
- https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/tuberculosis#:~:text=La%20tuberculose%20est%20pr%C3%A9sente%20dans%20toutes%20les%20r%C3%A9gions%20du%20monde,Pacifique%20occidental%20(18%20%25).
- https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1201971222003988