Sarcomes de Kaposi associés au SIDA : Vers un traitement plus efficace et mieux toléré au Mozambique
Le sarcome de Kaposi se développe suite à une infection par un virus appelé herpèsvirus humain 8 (HHV-8). Les personnes infectées par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) - le virus qui cause le sida - présentent un risque plus élevé de développer un sarcome de Kaposi. Les dommages causés au système immunitaire par le VIH permettent en effet aux cellules hébergeant le HHV-8 de se multiplier.
Le sarcome de Kaposi : un cancer fréquent chez les patients infectés par le VIH
L'épidémie de sida a ainsi provoqué une explosion du nombre de cas de sarcome de Kaposi, en particulier dans les régions d'Afrique où le HHV-8 est endémique. Il s'agit à ce jour du cancer le plus répandu en Afrique centrale et du Sud. Le sarcome de Kaposi se manifeste généralement par des lésions cutanées qui apparaissent sous la forme de taches violacées indolores sur les jambes, les pieds ou le visage.
Une piste pour traiter mieux et plus efficacement
Entre 2010 et 2015, 1567 patients séropositifs ont été traités pour un sarcome de Kaposi au Centro de Referencia de Alto-Maé (CRAM), un centre situé à Maputo, fruit d’une collaboration entre MSF et le ministère mozambicain de la santé.
Le traitement de première intention du sarcome de Kaposi associé au VIH est une thérapie antirétrovirale (ART), combinaison de médicaments administrés pour traiter le VIH. Dans les formes avancées, une chimiothérapie est alors nécessaire. Le traitement standard au Mozambique se compose de doxorubicine, bléomycine et vincristine. « Ces combinaisons peuvent être mal tolérées et entraîner une baisse de la qualité de vie », explique Rebeccas Grais, directrice de la recherche à Epicentre. Dans les pays occidentaux, l’utilisation de nouvelles molécules appelées doxorubicine liposomale pégylée (PLD) améliore la prise en charge des patients tout en limitant les effets secondaires.
En mars 2016, Médecins Sans Frontières a donc décidé de proposer les PLD comme thérapie de première ligne aux patients atteint de sarcome de Kaposi à Maputo. Afin de documenter la sécurité, l'efficacité et la tolérance des PLD, une étude observationnelle prospective, à bras unique et ouverte, a été lancée. Elle met en évidence une réduction, voire même dans certains une disparition, de la tumeur chez 80 % des patients.
« Le suivi de 116 patients traité par PLD en première ligne au Mozambique montre que ce traitement est bien toléré et efficace ", déclare Matthew E. Coldiron, coordinateur de l'essai et 1er auteur de l'article publié dans Infectious Agents and Cancer et présentant les résultats.
Faciliter l'accès au traitement par PDL
En plus d'être efficace, le PDL améliore la qualité de vie des patients, principalement en raison de la réduction de la douleur, ce qui n'avait pas été évalué auparavant au Mozambique.
Se pose désormais la question de l'accessibilité du PDL qui, en raison de son coût et de sa production, reste limité dans de nombreux pays d'Afrique. Un premier pas a été franchi avec l’inscription du PLD dans la liste du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. L'autre axe d'amélioration réside dans le diagnostic du sarcome de Kaposi chez les patients atteints du sida. À ce jour, au Mozambique et dans de nombreux pays africains, les patients sont souvent diagnostiqués à un stade avancé de la maladie, rendant plus complexe leur prise en charge et réduisant d’autant leur qualité de vie.
Témoignage de Luísa Enoque Comiche, 37 ans
« J'ai découvert que j'avais le VIH en octobre 2016. J'ai commencé un traitement antirétroviral et en mars 2017, on m'a diagnostiqué un sarcome de Kaposi. J'avais quelques lésions, et je ressentais une très forte douleur. J'ai été hospitalisée à l'hôpital central de Maputo pendant quelque temps jusqu'à ce qu'en juin, je sois transférée au Centro de Referencia de Alto-Maé (CRAM) pour poursuivre le traitement du sarcome Kaposi par chimiothérapie. En fait, ma première chimiothérapie était une HCM, mais elle n'a pas très bien fonctionné. Lorsque j'ai commencé mon traitement ici à Alto Maé, les choses ont commencé à changer pour le mieux.
La première séance de chimiothérapie n'a pas été facile, mais je me suis ensuite habituée. Maintenant, je me sens très bien. Le traitement que je tolère assez bien le traitement. Avant, c'était difficile, mes pieds étaient enflés, je ne portais ni pantalon ni chaussures. Je ne pouvais pas marcher, mais maintenant je vais bien, je suis revenu à ma vie normale. Je suis sous traitement depuis sept mois et je n'ai que deux séances de chimiothérapie pour compléter le traitement du sarcome de Kaposi.
Je voudrais demander aux autorités sanitaires de proposer ce traitement que nous suivons ici à Alto Maé dans d'autres établissements de santé. De nombreuses personnes sont atteintes de cette maladie, mais malheureusement elles n'ont pas cette possibilité »