Morsures de serpent
L'envenimation suite à une morsure de serpent a été ajoutée à la liste des maladies tropicales négligées de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 2017. On dispose de très peu d’informations sur l'importance des morsures de serpents, et ce manque d'information contribue d’autant plus à sa négligence.
Pourtant, la morsure de serpent est une cause majeure de morbidité et de mortalité dans deux régions, l’Asie du Sud et l’Afrique. Les estimations varient considérablement, mais il est probable que les morsures de serpents se comptent par centaines de milliers1 et entraînent plusieurs dizaines de milliers de décès chaque année2. Les morsures de serpent sont dues à plusieurs espèces différentes de serpents venimeux, chacun produisant un venin différent.
Le manque d'accès aux soins et l’absence d’antivenins signifie que le nombre de cas de morsures est certainement sous-déclaré et que la mortalité due à l'envenimation est supérieure à ce qu'elle devrait être3,4.
La morsure de serpent représente une morbidité majeure dans plusieurs projets de Médecins Sans Frontières (MSF), en Afrique subsaharienne et dans la péninsule arabique. Les données concernant l'efficacité et la sécurité des nombreux antivenins actuellement disponibles sont extrêmement limitées.
Vers un antivenin accessible et abordable
Epicentre travaille avec MSF pour procéder à un état des lieux à la fois l’importance extrême de morbidité et de mortalité des morsures de serpents représentée par les morsures de serpents dans les communautés et du traitement des morsures de serpents dans les hôpitaux de MSF, et espère contribuer aux évaluations de l'efficacité des prochains antivenins.
Prendre la mesure des pathologies
Épidémiologie de terrain
A Agok, au Sud-Soudan, MSF traite 200 à 400 morsures de serpent chaque année dans un hôpital rural. L'accès de la population aux soins étant difficile, tout laisse à penser que les patients vus à l'hôpital ne soient pas représentatifs de la situation réelle.
Epicentre a réalisé une enquête communautaire pour estimer le pourcentage de la population mordue par un serpent sur une année. Deux méthodes différentes ont été utilisées, mais les résultats sont concordants et extrêmement surprenants : 2 à 4 % de la population avaient été mordus par un serpent au cours de l’année passée dans les zones rurales entourant Agok.
Épidémiologie descriptive à Paoua, République centrafricaine
Dans l’hôpital rural de Paoua, en République centrafricaine, MSF traite jusqu'à 750 morsures de serpent par an. Epicentre a décrit les résultats d'un nouveau protocole de traitement clinique employé Paoua qui a utilisé deux nouveaux antivenins : 347 patients ont été suivis lors de leur hospitalisation et pendant le mois suivant (auxquels s’ajoutent 375 autres victimes de morsures de serpents qui n'ont pas nécessité de traitement avec un antivenin). Les deux nouveaux antivenins se sont révélés efficaces et sûrs, et les données détaillées qui ont été recueillies ont permis de modifier la posologie utilisée dans le projet.
Développement d’antivenins polyvalents amélioré
Essais sur le terrain et essais cliniques
Epicentre collabore activement avec MSF et d'autres partenaires pour préparer et mettre en œuvre en Afrique subsaharienne un essai randomisé en double aveugle, qui comparera l'efficacité et la sécurité de deux antivenins polyvalents.
Ces exemples soulignent que les morsures de serpents affectent les populations rurales souvent pauvres de façon disproportionnée alors qu'elles sont les moins susceptibles d'avoir accès à des soins qui pourraient leur sauver la vie 5.