Ebola : La plus grande étude réalisée en période d’épidémie montre que le vaccin offre une forte protection contre la maladie
Menée en collaboration avec l'Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) et le ministère de la Santé Publique de la République Démocratique du Congo (RDC), cette étude a porté sur l’analyse de données collectées lors de la plus grande épidémie enregistrée en RDC au cours de laquelle 3 470 cas et 2 287 décès ont été enregistrés entre 2018 et 2020. L’étude, financée par MSF, a porté sur le vaccin rVSVΔG-ZEBOV-GP, seul vaccin contre Ebola dont l'utilisation est recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour les personnes à haut risque de contracter la maladie pendant une épidémie.
« Cette étude dissipe les incertitudes sur l'efficacité réelle du vaccin : il s'agit de la première étude publiée évaluant l'efficacité du vaccin rVSVΔG-ZEBOV-GP en dehors d'un essai clinique. Elle a été réalisée pendant la deuxième plus grande épidémie d’Ebola jamais enregistrée, » détaille Sophie Meakin, épidémiologiste à Epicentre.
Conçu pour une administration en une seule dose, ce vaccin est utilisé via une stratégie en anneau qui consiste à vacciner les contacts (c'est-à-dire les personnes qui ont été en contact avec une personne chez qui l’infection par le virus Ebola a été confirmée), les contacts de ces contacts et le personnel de santé de première ligne. Lors de l’épidémie d’Ebola en question, la vaccination a débuté en août 2018 et plus de 300 000 personnes ont été vaccinées.
A partir d’une étude test-négatif, il a été possible de montrer que la vaccination par le rVSV-ZEBOV conférait une protection élevée contre le développement de la maladie à virus Ebola dès le dixième jour après la vaccination. Dans cette étude, l'efficacité du vaccin a été estimée en comparant les taux de positivité au test PCR Ebola entre personnes vaccinées et non-vaccinées. Toutes ces personnes avaient rapporté avoir été en contact avec une personne infectée par le virus Ebola et avaient consulté des établissements de santé où un test PCR avait permis de déterminer si elles étaient porteuses de la maladie. Au total, l’analyse a porté sur 309 personnes testées positives à la PCR et 309 personnes montrant des symptômes suspects d’Ebola mais négatives à la PCR. Il a ainsi pu être établi qu’au bout de dix jours, la vaccination diminue de 84% le risque de développer la maladie. De légères variations ont été observées selon le sexe : le vaccin a montré une efficacité de 80% chez les femmes, de 86% chez les hommes.
Steve Ahuka, Chef du Département de Virologie à l’INRB et Professeur à la Faculté de Médecine de l’Université de Kinshasa, rappelle à cette occasion l’importance de la collecte systématique et rigoureuse de données lors des épidémies, et cela malgré toutes les difficultés que cela représente : « Ce sont des opportunités uniques pour approfondir nos connaissances sur des maladies souvent rares, et ainsi, améliorer la gestion des futures épidémies, développer de nouveaux outils de lutte et déterminer les meilleures stratégies pour les utiliser efficacement. »
Récemment, Epicentre avait en effet démontré que la vaccination réduisait également de moitié la mortalité des personnes infectées par Ebola. Ces études renforcent l'importance de vacciner rapidement les personnes potentiellement exposées au virus Ebola dès le début des épidémies.
Crédit photo : Caroline Thirion/MSF