Epicentre poursuit son implication dans la lutte contre la fièvre de Lassa

Vendredi 20 août 2021
Fièvre de Lassa
Introduction
Deux projets d’envergure dont Epicentre est partenaire ont vu le jour pour lutter contre la fièvre de lassa. Il consiste d’une part à évaluer avec précision l’incidence de cette fièvre hémorragique qui touche principalement l’Afrique de l’Ouest et d’autre part, à mener un essai clinique avec un candidat vaccin.
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Lassa Fever_Nigeria_Albert Masias
Corps éditorial

La fièvre de Lassa est une maladie virale aiguë zoonotique (transmise par les animaux). Elle est endémique dans certaines régions d'Afrique de l'Ouest, notamment en Sierra Leone, au Liberia, en Guinée et au Nigeria. Les pays voisins sont également menacés, car l'animal vecteur du virus de Lassa, le "rat plurimammaire" (Mastomys natalensis), y est également présent. La maladie a été découverte en 1969 et porte le nom de la ville du Nigeria où les premiers cas sont apparus.

La surveillance de la fièvre de Lassa n'est pas standardisée et, par conséquent, les estimations du nombre d'infections sont imprécises. En outre, l'évolution clinique de la maladie est si variable que la détection de la maladie chez les patients atteints est difficile. L'OMS estime qu'environ 80 % des personnes infectées par le virus de Lassa ne présentent aucun symptôme. Une infection sur cinq entraîne une maladie grave, le virus touchant plusieurs organes tels que le foie, la rate et les reins. Les personnes les plus exposées sont celles qui vivent dans les zones rurales où l'on trouve habituellement des rats plurimammaires, en particulier dans les communautés où l'assainissement est insuffisant et les conditions de vie surpeuplées.

L'OMS a identifié la fièvre de Lassa comme l'un des principaux agents pathogènes susceptibles de provoquer de graves épidémies dans un avenir proche.

Enable, une vaste étude pour en savoir plus sur la fièvre de Lassa

C’est pour combler les lacunes en termes de connaissance sur la fièvre de Lassa que la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI) a lancé la plus grande étude jamais conçue sur cette pathologie au Bénin, en Guinée, au Libéria, en Sierra Leone et au Nigéria. Cette étude appelée Enable vise à déterminer l’incidence de la fièvre de Lassa, la localisation des cas infectés et les modes de propagation du virus. Elle doit aussi permettre de savoir si des différences existent en fonction de l’âge et du sexe et quelle est la proportion de cas asymptomatiques et symptomatiques. Cette étude a pour objectif d’inclure 23 000 participants au Bénin, en Guinée, au Libéria, en Sierra Leone au Nigéria.

Aux côtés des partenaires nationaux* de l’étude, Epicentre est l’un des 4 partenaires** chargés de l’exécution et de la supervision du programme.

« Parmi nos missions figurent l’élaboration du système de gestion des données du programme, la formation et le soutien au personnel des sites de l’étude Enable et la supervision des processus de collecte, de gestion et d’analyse des données, » explique le Dr Boni Ale, coordinateur de l’étude sur la fièvre de Lassa pour Epicentre.

Vacciner pour prévenir la fièvre de Lassa

Les connaissances générées par Enable doivent servir de socle pour le déploiement et d’utilisation d’un vaccin contre la fièvre de Lassa. Un des vaccins développés par IAVI et d’autres partenaires va entrer en phase 2 dans le cadre d’un essai clinique chez des adultes et des enfants au Liberia, au Nigeria et en Sierra Leone. Cet essai financé par le CEPI et l’EDCTP (European and Developing Countries Clinical Trials) sera mené par le consortium international LEAP4WA*** (pour Lassa Fever Vaccine Efficacy and Prevention for West Africa ou Efficacité et prévention du vaccin contre la fièvre de Lassa pour l'Afrique de l'Ouest) dont fait partie Epicentre. Ce candidat-vaccin rVSV∆G-LASV-GPC utilise un vecteur recombinant du virus de la stomatite vésiculaire (rVSV) - la même plateforme rVSV que celle utilisée pour l’un des vaccins contre le virus Ebola.

« Nous espérons qu’en testant ce vaccin au Liberia, au Nigeria et en Sierra Leone, nous pourrons également ajouter un outil de prévention efficace contre la fièvre de Lassa », souligne Rebecca Grais, directrice du département de recherche d’Epicentre. En plus d’accélérer l’homologation d’un vaccin contre la fièvre de Lassa, le consortium LEAP4WA constitue une approche globale et collaborative permettant de faire face aux épidémies et pandémies futures mais aussi de faire progresser l'expertise en matière d'essais cliniques dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. »

Ces deux projets devraient largement contribuer à améliorer les connaissances sur la fièvre de Lassa qui font cruellement défaut et aboutir à la mise au point d’un vaccin efficace.

 

* les partenaires nationaux de l’étude sont la Fondation pour la Recherche Scientifique (FORS) pour le Bénin, l’Hôpital Phebe en partenariat avec l’Institut national de santé publique du Libéria (NPHIL), soutenu par l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (UNC) pour le Libéria, l’Hôpital gouvernemental de Kenema (KGH) en coopération avec l’Université Tulane pour la Sierra Leone, et l’Université Gamal Nasser de Conakry (UGANC), en partenariat avec l’Institut Robert Koch pour la Guinée, le Nigeria Centre for Disease Control (NCDC), Irrua Specialist Teaching Hospital (ISTH), Federal Medical Centre (FMC) Owo, Alex Ekwueme Federal University Teaching Hospital Abakaliki (AEFUTHA), Redeemer’s University Nigeria (RUN) et l’African Field Epidemiology Network (AFENET) pour le Nigéria.
** les 3 autres partenaires sont P-95 pour la coordination du programme, l’Organisation de recherche clinique Margan (MMARCRO), basée à Accra, au Ghana, pour la mise en œuvre sur le terrain et le soutien au suivi de l’étude dans le pays, l’Institut Bernard Nocht de médecine tropicale, basé à Hambourg, en Allemagne, pour l’expertise des laboratoires et le soutien des partenaires de mise en œuvre des pays, y compris la formation du personnel, le développement des processus de laboratoire et l’assurance qualité.
*** Les members du consortium LEAP4WA sont IAVI Inc., U.S., IAVI Stichting, Netherlands; Tulane University School of Public Health and Tropical Medicine, U.S.; le Ministère de la santé de Sierra Leone; Imperial College of Science Technology and Medicine, U.K.; University of Liberia, Liberia; Epicentre, France; et HJF Medical Research International Ltd/Gte, Nigeria.

 

Crédit Photo : Albert Masias/MSF
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