Les interventions de MSF sur la rougeole au Katanga
Il s’agit à la fois de vacciner si possible avant ou dès le début d’une épidémie les enfants de 6 mois à cinq ans, et de prendre en charge le traitement des malades. Malheureusement aucune stratégie n’a encore permis d’éliminer ces épidémies récurrentes dues à l’insuffisance de la couverture vaccinale produite par le programme nationale de vaccination. Il faut savoir que l’étendue du territoire à couvrir et les difficultés logistiques d’accès aux populations sont considérables. Différentes stratégies de vaccination ont été déployées, souvent trop tardivement pour empêcher les épidémies de se propager.
Epicentre a proposé un projet pilote nommé « Urgepi » basé sur un renforcement de la surveillance, du laboratoire, des investigations et une riposte rapide en cas d’alerte. La vaccination préemptive, a ainsi démarré dans le courant de l’année 2018 en collaboration avec le Ministère de la Santé. Cinq sites sentinelles avec renforcement de la surveillance ont pour l’instant été ouverts dans 5 zones de santé: 4 dans le Haut Katanga et dans la zone de santé de Bukama dans le Haut-Lomami.
Le projet a répondu depuis février 2018 aux différentes flambées épidémiques mais n’a pas eu la capacité de répondre à d’autre flambées épidémiques de rougeole survenant simultanément dans plusieurs autres provinces. Le projet Urgepi ne pouvant pas répondre à l’épidémie dans le reste de l’ex Katanga, la cellule Urgence MSF est venue en renfort en décembre 2018 après l’alerte lancée par les autorités sanitaires pour prendre en charge non seulement les cas de rougeole mais aussi les cas de paludisme et de malnutrition et pour proposer une réponse vaccinale ciblant les enfants de moins de 5 ans, notamment dans la zone de santé de Malemba-Nkulu (en décembre 2018), de Mukanga (janvier 2019) et Kitenge (janvier 2019).
Deux enquêtes de mortalité rétrospective ont été réalisées entre décembre 2015 et février 2016 à Malemba-Nkulu et à Mukanga après les interventions de MSF dans ces zones de santé pendant l’épidémie de rougeole en 2015 (prise en charge intégrée des cas et vaccination réactive contre la rougeole plus ou moins précoce). Les pics de mortalité infanto-juvénile dans les deux zones correspondaient au pic de l'épidémie de rougeole, mais aussi à la période d’intervention de MSF. Plus du tiers des enfants de moins de 10 ans avaient contracté la rougeole au cours de l’année, et près de 10% d’entre eux semblaient y avoir succombé. La grande majorité de la population, tous âges confondus, avait connu au moins un épisode de paludisme sur l’année 2015, et plus de 2% des cas semblaient en être décédés. La mortalité due au paludisme restait ainsi élevée tout au long de l'année, surtout chez les plus jeunes (principale cause de décès rapportés).
MSF souhaitait de nouveau documenter ses interventions en 2018 en estimant la mortalité globale et spécifique due à la rougeole et au paludisme chez les enfants de moins de 5 ans pendant les périodes d’intervention en 2018-2019, là où la stratégie de prise en charge intégrait la prise en charge des cas de rougeole, de paludisme et de malnutrition à une riposte vaccinale (Malemba-Nkulu) et en la comparant là où seule une prise en charge des cas de rougeole de paludisme et de nutrition a été effectuée (Mukanga).