Paludisme : le combat continue

Vendredi 23 avril 2021
paludisme
Introduction
Epicentre est impliquées à plusieurs niveaux dans la lutte contre le paludisme en lien avec MSF pour la prévention dans plusieurs pays du Sahel ou dans le cadre d’un consortium international coordonné par le MORU (the Mahidol Oxford Tropical Medicine Research Unit) pour mettre au jour de nouvelles combinaisons thérapeutiques pour lutter contre les résistances aux traitements.
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Maradi_Eric Bouvet
Corps éditorial

Le paludisme est provoqué par un parasite le Plasmodium qui se transmet par un moustique. Chaque année, plus de 200 millions de personnes sont infectées dans le monde et 400 000 décès dont la grande majorité sont des enfants de moins de cinq ans. Plus de 90 % des cas et des décès surviennent sur le continent africain.

DeTACT, un essai pour lutter contre les formes résistantes

Au début des années 2000, l'arrivée de nouveaux médicaments combinant un dérivé de l'artémisinine avec une des nombreuses molécules antipaludiques a permis de réduire considérablement le nombre de décès. Cependant, des résistances à ces médicaments ont commencé à apparaître en Asie et sont maintenant répandues dans certaines régions d'Asie du Sud-Est. Des formes résistantes touchent désormais le continent africain : des parasites résistants à l'artémisinine sont apparus au Rwanda et des preuves génétiques de cette résistance ont été détectées en Ouganda et dans d'autres pays africains. Il est urgent de découvrir de nouvelles approches thérapeutiques, et c'est l'objectif du projet DeTACT. Epicentre participe activement à cet effort grâce à son centre au Niger, où le paludisme est fortement endémique. Selon un rapport de l'OMS, le Niger, qui compte environ 23 millions d'habitants, a représenté 4 % des cas de paludisme dans le monde en 2018.

Coordonné par MORU et financé par UKaid et le Foreign and Commonwealth Development Office (FCDO) du Royaume-Uni, DeTACT est un vaste essai mené sur 14 sites dans 8 pays d'Afrique et 5 pays d'Asie pour étudier l'efficacité, la sécurité et la tolérance de deux trithérapies combinées à base d’artémisinine (TACT) utilisant des médicaments antipaludiques existants (artéméther-luméfantrine + amodiaquine et artésunate-méfloquine + pipéraquine).

« Le choix de recourir des molécules existantes présente plusieurs avantages. Si ces nouvelles combinaisons thérapeutiques s'avèrent efficaces, elles pourront être déployées rapidement et, a priori, devraient rester efficaces contre les parasites multirésistants », explique Ousmane Guindo, investigateur pour l’essai DeTACT pour le Centre de recherche d’Epicentre au Niger. Cet essai répond à un enjeu sanitaire majeur au vu de l'augmentation de la résistance aux médicaments qui met en péril le traitement du paludisme à P. falciparum, une maladie potentiellement mortelle.

Chimioprévention du paludisme saisonnier

Depuis plusieurs années, Epicentre accompagne MSF lors du déploiement de la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) dans le Sahel, une nouvelle stratégie destinée aux enfants de moins de 5 ans. Un traitement prophylactique leur est dispensé une fois par mois pendant la saison des pluies, lorsque le risque de paludisme est élevé. Ce traitement qui consiste en un cycle de traitement complet par la sulfadoxine-pyriméthamine et l'amodiaquine est recommandée par l’OMS dans les zones de la sous-région du Sahel où la transmission saisonnière est forte.

Epicentre a réalisé des études sur la couverture de ce programme en Guinée-Bissau, au Mali, au Niger et au Tchad, et a apporté ses conseils pour la poursuite du déploiement de la chimioprévention du paludisme saisonnier.

Si la situation le permet, une étude va être lancé au Tchad dans le district de Moïssala afin d’évaluer les marqueurs génétiques de la résistance à la sulfadoxine-pyrimethamine et à l’amodiaquine. Après 5 ans de chimio-prévention du paludisme saisonnier, il convient en effet d’identifier rapidement l’émergence de résistance aux traitements actuellement utilisés pour pouvoir mieux contrôler l’épidémie et proposer des réponses thérapeutiques adaptées rapidement.

L’éradication du paludisme passe par la mise en évidence de nouvelles approches thérapeutiques accessibles et facilement déployable en Asie et en Afrique, mais aussi par l’anticipation de la survenue de résistance afin d’alterner les traitements, par exemple.

 

Administrer massivement des antipaludiques : une solution en situation d’urgence

Recommandée par L'OMS dans les situations d'urgence extrêmement complexes, une administration massive de médicaments (MDA) contre le paludisme a été effectuée par MSF et le ministère de la santé à Angumu en RDC entre septembre 2020 et janvier 2021 suite à l’accueil de personnes venant de région avec un risque endémique plus faible. La MDA consiste à traiter avec un antipaludique chaque membre d'une population définie ou à chaque personne vivant dans une zone géographique définie au même moment. L’évaluation de cette stratégie faite par Epicentre démontre son efficacité puisque la mortalité des enfants de moins de 5 ans a chuté dans les mois suivant la distribution dans les villages et les sites ayant reçu la MDA alors qu'elle est restée stable ou a augmenté dans les villages et les sites n'en ayant pas bénéficié.  La morbidité due au paludisme était également plus faible 3 mois après la fin du 3e tour de MDA (14,7% dans les villages ayant pratiquée cette approche contre 30,4% dans les autres villages MDA). La forte diminution observée de la mortalité et de la morbidité des enfants de moins de 5 ans après la MDA confirme que son potentiel comme moyen important de contrôle du paludisme dans les situations d'urgence.

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