Adolescents vivant avec le VIH : Leçons des programmes de MSF au Malawi et en Ouganda
Environ 1,8 million d’adolescents âgés de 10 à 19 ans vivent avec le VIH dans le monde, surtout en Afrique subsaharienne. Ils font face à des défis spécifiques. La stigmatisation, la perte de parents, les obstacles éducatifs, et les problèmes de santé entravent leur accès aux soins. Des services adaptés sont essentiels, mais souvent absents, causant des transitions difficiles entre les soins pédiatriques et pour adultes. Chilungno, qui a bénéficié des clubs d'adolescents de MSF à Chiradzulu, au Malawi, partage son expérience :
« En compagnie de patients plus âgés, je me sentais mal à l'aise, j'avais l'impression d'être seul. Lorsque j'ai rejoint le club des adolescents, j'ai vu qu'il y avait beaucoup de jeunes dans ma situation. Et j'ai pensé que je pouvais faire quelque chose. »
C’est désormais l’un des mentors des "Teen clubs" : après avoir été formé par les équipes MSF, il participe, anime et apporte son aide à des jeunes garçons et filles qui vivent comme lui avec le VIH.
Une approche spécifique pour les adolescents vivant avec le VIH
S’inspirant de modèle de soins adaptés aux jeunes, MSF a lancé des activités dédiées dans la ville d’Arua (Ouganda) et dans le district rural, très touché par le VIH, de Chiradzulu (Malawi) en 2017. En Ouganda, le projet met l'accent sur le soutien et l'éducation par les pairs. Au Malawi, le contexte rural a conduit à proposer deux types d’interventions : un "teens club" pour les adolescents sans charge virale détectable, et un jour de clinique intensive pour ceux avec une charge virale plus élevée, focalisé sur le suivi virologique, le conseil en matière d'observance et le passage rapide à un traitement de deuxième ligne, si nécessaire.
Les leçons à tirer de cette mise en œuvre
Une étude qualitative et quantitative réalisée avec Epicentre a permis d'évaluer ces programmes, en documentant leur mise en œuvre, en évaluant leur efficacité et en proposant des améliorations.
Les résultats sont prometteurs car, comme le souligne Sarala Nicholas, « Les deux projets affichent des taux de rétention élevés, plus de 90 % des adolescents restant pris en charge. À Chiradzulu, la couverture de la charge virale et la proportion de personnes dont la charge virale a été supprimée ou re-supprimée ont augmenté de manière substantielle. À Arua, ces indicateurs ont évolué de manière moins radicale, car les taux étaient déjà élevés au début ».
« Ces clubs offrent aux adolescents un espace sûr pour bénéficier d'un suivi et de soins en matière de VIH et pour parler de leur maladie avec leurs pairs, » note Chilungno.
Ce modèle explique le taux de rétention élevé et la couverture de la charge virale largement supérieure au niveau national.
Les recommandations de l'étude incluent des rendez-vous en dehors des heures scolaires, la création de groupes par âge, le travail en équipe multidisciplinaire et le maintien des liens entre les acteurs, l’adjonction de la santé et des droits sexuels et reproductifs au programme, la reconnaissance de l'importance des pairs, des tests de charge virale tous les six mois. A cela s’ajoute l’un des facteurs clés de l’autonomisation vis-à-vis du traitement à long terme à savoir le besoin d’acquisition d’informations supplémentaires et différentes au fur et à mesure que l’adolescent grandit.
Ces modèles de soins adaptés aux adolescents vivant avec le VIH, une population vulnérable souvent négligée, peuvent réellement transformer leur réponse au traitement et leur qualité de vie.